Ajaccio, le 8 mars 2025 – Environ 1 500 personnes, selon la préfecture, et près du double d’après les organisateurs, se sont réunies samedi 8 mars à Ajaccio pour dénoncer la présence du crime organisé en Corse. Une mobilisation portée par des collectifs engagés, mais qui n’a pas rassemblé autant que prévu.
Une mobilisation portée par la société civile
À l’origine de cette manifestation, deux collectifs déterminés à lutter contre la mafia sur l’île : « Massimu Susini », nommé en hommage à un militant nationaliste assassiné en 2019, et « A maffia nò, a vita iè » (Non à la mafia, oui à la vie). Ces mouvements citoyens, qui se battent contre les dérives mafieuses et les violences qu’elles engendrent, avaient lancé un appel à une mobilisation massive.
Si la foule était bien présente sur la place du Diamant à Ajaccio, la participation est restée en deçà des attentes des organisateurs. « Nous espérions un sursaut populaire, une prise de conscience plus large », confie un membre du collectif « A maffia nò, a vita iè ». Malgré cela, les manifestants ont fait entendre leur voix à travers des slogans et des banderoles appelant à une « Corse libre de la mafia ».
Un soutien institutionnel mitigé
Plusieurs figures politiques corses ont répondu à l’appel, à commencer par Marie-Antoinette Maupertuis, présidente de l’Assemblée de Corse. D’autres élus territoriaux ont également pris part à la manifestation, montrant leur soutien aux collectifs. Toutefois, l’absence de certaines personnalités majeures a été remarquée.
Le président de l’exécutif corse, Gilles Simeoni, n’était pas présent. De même, le parti indépendantiste Nazione avait annoncé sa non-participation, tandis que la municipalité d’Ajaccio, tenue par la droite, est restée en retrait. « C’est un combat qui devrait rassembler au-delà des clivages, mais on sent encore des réticences », déplore un manifestant.
Un contexte politique et sécuritaire tendu
Cette mobilisation intervient dans un climat de plus en plus préoccupant en Corse, où les faits divers liés au crime organisé se multiplient. L’influence des réseaux mafieux dans l’économie locale, notamment dans le BTP, la gestion des déchets ou encore l’immobilier, est régulièrement dénoncée par les associations et certains élus.
Le 1ᵉʳ mars dernier, l’Assemblée de Corse a adopté une délibération visant à renforcer les outils de lutte contre la mafia. Un vote symbolique, mais qui témoigne d’une prise de conscience progressive au sein des institutions. « Il faut maintenant que les actes suivent les déclarations », estime un militant.
Une prise de conscience qui peine à s’imposer
Si l’enjeu est majeur, la mobilisation populaire contre la mafia reste encore timide. La peur de représailles, l’omerta et le poids des traditions compliquent l’émergence d’un mouvement de contestation plus large. Pour certains observateurs, il faudra du temps avant qu’un véritable front citoyen ne se forme contre le crime organisé.
Malgré tout, les organisateurs de la manifestation d’Ajaccio ne comptent pas s’arrêter là. « C’est un combat de longue haleine, et nous continuerons à dénoncer ces dérives », assure un membre du collectif Massimu Susini. En attendant, la lutte contre la mafia en Corse demeure un défi majeur pour la société insulaire et ses institutions.

