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Affaire Bétharram : François Bayrou rencontre les victimes à Pau, entre attentes et controverses

François Bayrou

Pau, le 15 février 2025 – Un tournant décisif dans l’« affaire Bétharram ». François Bayrou, Premier ministre et maire de Pau, a reçu ce jeudi une délégation de neuf victimes des abus survenus au sein de l’établissement Notre-Dame de Bétharram. L’enjeu : écouter, reconnaître, et envisager des mesures concrètes pour ceux qui dénoncent des décennies d’omerta.

Une rencontre historique pour les victimes

C’est au cœur de la mairie de Pau que s’est tenue cette rencontre qualifiée d’« historique » par Alain Esquerre, président de l’Association des victimes de Bétharram. Plus de 120 plaintes ont été déposées à ce jour contre dix prêtres et quatre enseignants laïcs, accusés d’actes de violences physiques et sexuelles s’étalant entre les années 1950 et 2000. Une onde de choc pour la région, qui voit éclater au grand jour un scandale longtemps passé sous silence.

« Nous avons beaucoup de choses à lui dire », confiait Alain Esquerre à la presse avant l’entretien. L’objectif de la délégation était clair : obtenir une reconnaissance officielle des souffrances subies et des engagements concrets pour que justice soit rendue.

Après plusieurs heures de discussions, François Bayrou a déclaré avoir été « profondément ému et bouleversé » par les témoignages. « L’écoute est primordiale, mais elle ne suffit pas. Il faut maintenant que les institutions prennent leurs responsabilités », a-t-il affirmé devant les journalistes, sans pour autant préciser quelles actions pourraient être mises en place à court terme.

Un passé qui rattrape Bayrou

Si la rencontre était attendue par les victimes, elle s’est également doublée d’une polémique autour de François Bayrou lui-même. L’ancien ministre de l’Éducation (1993-1997) a en effet été interrogé sur son éventuelle connaissance des faits à l’époque.

Son épouse ayant enseigné à Notre-Dame de Bétharram et leurs enfants ayant été scolarisés dans l’établissement, certains estiment qu’il ne pouvait ignorer ce qui se passait en coulisses. Interrogé sur le sujet, le Premier ministre a balayé ces accusations : « Jamais, je n’ai été informé d’actes de cette nature. Si je l’avais su, j’aurais agi immédiatement. »

Une déclaration qui n’a pas suffi à calmer les critiques. Plusieurs associations dénoncent une posture de « déni » et réclament une enquête plus approfondie sur la responsabilité des autorités éducatives et politiques dans la dissimulation des abus.

Une manifestation devant la mairie

Pendant la réunion, des dizaines de manifestants s’étaient rassemblés devant l’hôtel de ville de Pau. Munis de pancartes portant des messages comme « Silence coupable » ou encore « Justice pour Bétharram », ils entendaient dénoncer le manque de réactivité des institutions face aux accusations qui s’accumulent depuis plusieurs années.

Parmi eux, d’anciens élèves de l’établissement, mais aussi des représentants de collectifs de défense des victimes d’abus sexuels dans l’Église. « Ce que nous demandons, ce n’est pas seulement de l’écoute, c’est une véritable reconnaissance des faits, des indemnisations et des poursuites judiciaires effectives », martèle un manifestant.

Une affaire loin d’être close

Si cette rencontre marque une étape importante, elle ne signe pas pour autant la fin du combat judiciaire et moral mené par les victimes. Les procédures en cours continuent de progresser, bien que le délai de prescription ait déjà empêché plusieurs affaires d’être jugées.

L’Église catholique, de son côté, s’est dite prête à collaborer avec la justice et à « faire la lumière sur les responsabilités ». Toutefois, aucune mesure concrète n’a été annoncée pour le moment, au grand dam des plaignants.

Quant à François Bayrou, il promet d’accompagner les démarches des victimes et de plaider en faveur de réformes sur la prise en charge des abus commis dans des institutions éducatives et religieuses. Mais face à l’ampleur du scandale, cette initiative pourrait ne pas suffire à apaiser la colère des survivants et de leurs soutiens.

Alors que l’affaire Bétharram continue de secouer l’opinion publique, une question demeure : les victimes obtiendront-elles enfin justice après des décennies de silence ?

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