Donald Trump presse Moscou et Kiev de conclure un accord de paix « cette semaine », promettant une « fortune » à la clé. Une stratégie économique risquée, alors que les négociations stagnent et que les garanties de sécurité manquent.
Donald Trump presse Moscou et Kiev de conclure un accord de paix « cette semaine », promettant une « fortune » à la clé. Une stratégie économique risquée, alors que les négociations stagnent et que les garanties de sécurité manquent.

Dans un message publié le 20 avril 2025 sur Truth Social, Donald Trump a appelé l’Ukraine et la Russie à conclure un accord de paix dans les jours qui viennent. Le président américain a promis que les deux pays pourraient ensuite bénéficier économiquement d’une collaboration renforcée avec les États-Unis. « Il faut espérer que la Russie et l’Ukraine arriveront à un accord cette semaine. Toutes deux pourront ensuite faire de bonnes affaires avec les États-Unis d’Amérique, qui sont en plein essor, et gagner une fortune ! », a-t-il écrit, dans son style caractéristique.
Ce message survient alors que les négociations de paix piétinent, plus de trois ans après le début de l’invasion russe de l’Ukraine. La Maison-Blanche, de plus en plus impatiente, conditionne désormais son engagement diplomatique à des résultats concrets.
Plutôt qu’un soutien militaire renforcé ou des garanties sécuritaires, Trump privilégie une approche commerciale et financière. Selon des sources diplomatiques américaines relayées par Reuters, Washington envisage de proposer un partenariat économique renforcé aux deux parties si un cessez-le-feu durable est trouvé. Cela inclurait notamment des accords d’investissements, d’aide à la reconstruction, et une coopération sur les matières premières.
Dans le cas de l’Ukraine, un mémorandum d’entente a déjà été signé la semaine dernière pour un futur accord sur l’exploitation conjointe des ressources minières du pays, principalement des terres rares. Ce texte, porté par le président Zelensky, reste cependant dépourvu de toute clause de sécurité – un point de crispation majeur pour Kiev, toujours sous la menace directe de la Russie.
Dans un entretien séparé, le secrétaire d’État Marco Rubio a averti que les États-Unis pourraient se retirer des efforts de médiation si aucun progrès notable n’était observé prochainement. Une déclaration perçue comme un ultimatum, en écho aux propos de Trump.
Ce changement de ton tranche avec les tentatives diplomatiques menées par l’administration Biden, qui visait plutôt à garantir le soutien occidental sur la durée. L’approche actuelle mise sur une pression maximale à court terme, ce qui pourrait favoriser un accord précipité — mais potentiellement fragile.
À Kiev, l’annonce de Trump suscite autant d’espoirs que de craintes. Le gouvernement ukrainien est intéressé par les perspectives économiques, mais redoute que cela ne se fasse au prix de compromis territoriaux ou d’un abandon sécuritaire. Pour l’instant, aucune réaction officielle du Kremlin n’a été enregistrée, bien que plusieurs sources russes anonymes évoquent une méfiance persistante à l’égard des « offres conditionnelles » américaines.
Des diplomates européens, interrogés par Reuters, s’inquiètent d’un traitement purement transactionnel de la paix. « Il ne peut pas y avoir de paix durable sans garanties solides, et certainement pas dans l’urgence d’un agenda électoral », confie l’un d’eux.
Certains analystes voient dans cette sortie de Trump une manœuvre électorale à l’approche des midterms de 2026 et alors que son positionnement sur les affaires étrangères est régulièrement critiqué. En promettant la paix « cette semaine » et en liant celle-ci à des perspectives financières, il tente d’imposer sa méthode d’homme d’affaires à la géopolitique.
Mais les observateurs notent que les enjeux humains et stratégiques de ce conflit ne se règlent pas par des incitations économiques. Le pari de Trump pourrait bien se révéler contre-productif si les pourparlers échouent ou si la paix conclue est perçue comme bancale.
En attendant, le monde observe. Et Kiev comme Moscou savent qu’en matière de fortune, rien n’est jamais gratuit.