Moins d’un an après son rachat, Naf Naf est à nouveau placée en redressement judiciaire. Près de 600 emplois sont menacés. La marque iconique du prêt-à-porter féminin entre dans une phase critique de survie.
Moins d’un an après son rachat, Naf Naf est à nouveau placée en redressement judiciaire. Près de 600 emplois sont menacés. La marque iconique du prêt-à-porter féminin entre dans une phase critique de survie.

L’enseigne de prêt-à-porter féminin Naf Naf a été placée en redressement judiciaire le 30 mai 2025, par décision du tribunal de commerce de Bobigny. Il s’agit du troisième redressement judiciaire pour la marque en seulement cinq ans, une situation qui met en péril la pérennité de l’entreprise, ses 600 salariés et plus d’une centaine de boutiques en France.
Le jugement fait suite à l’évaluation de la cessation de paiement de l’entreprise, incapable de régler ses dettes à court terme avec ses actifs disponibles.
Selon les documents examinés par la justice commerciale, le passif de Naf Naf s’élève à 44 millions d’euros, alors que le chiffre d’affaires réalisé en 2024 était d’environ 47 millions d’euros. Ces chiffres traduisent une situation de trésorerie critique, dans un contexte de marché particulièrement difficile pour les enseignes de l’habillement. La marque, autrefois florissante, peine à se relever depuis la crise du Covid-19 et la transformation numérique du secteur.
L’arrivée du e-commerce, la concurrence des géants du fast fashion et la baisse du pouvoir d’achat des consommateurs ont fragilisé sa position.
Fondée en 1973 par les frères Pariente, Naf Naf a connu plusieurs propriétaires. D’abord intégrée au groupe Vivarte, elle est cédée en 2018 au chinois La Chapelle, puis reprise en 2020 par le groupe franco-turc SY International, à la suite d’un premier redressement.
Mais aucun plan de redressement n’a permis une relance durable. En juin 2024, c’est le fabricant turc Migiboy Tekstil qui reprend Naf Naf, avec l’ambition affichée de sauver 90 % des emplois et de maintenir l’activité des magasins. Moins d’un an après, cette promesse semble compromise.
La CFDT s’est dite très préoccupée par la situation. Dans un communiqué, le syndicat évoque une « grande période d’incertitude » pour les salariés, et redoute un démantèlement progressif en l’absence de stratégie viable. Il pointe notamment les difficultés logistiques persistantes, les retards d’approvisionnement et le manque de visibilité sur les collections à venir.
Les employés espèrent que le redressement judiciaire permettra au moins de gagner du temps, dans l’attente de solutions concrètes. La priorité reste de garantir la continuité d’activité dans les magasins et de préserver les emplois.
La situation de Naf Naf n’est pas isolée. Ces dernières années, de nombreuses enseignes du prêt-à-porter français ont été touchées par des difficultés similaires. Camaïeu, Kookaï, San Marina ou encore Pimkie ont tour à tour connu redressements, liquidations ou rachats.
Le modèle économique de la mode milieu de gamme est en question, entre marges rognées et évolution des comportements d’achat. Pour les experts du secteur, seule une transformation en profondeur, intégrant numérique, seconde main et durabilité, permettra aux marques historiques de survivre.
Le tribunal a accordé à Naf Naf une période d’observation de six mois, période pendant laquelle la direction devra présenter un plan de redressement crédible. Une audience est déjà prévue pour le 23 juillet, afin de faire un premier point d’étape. Les repreneurs potentiels, s’il y en a, seront également scrutés de près.
D’ici là, l’avenir de l’enseigne reste suspendu, dans une atmosphère mêlée de résignation et d’espoir prudent.