Marseille, février 2025 – Un nouvel arrêté préfectoral vient de bouleverser le quotidien des habitants de Marseille. Désormais, les épiceries de nuit devront fermer leurs portes entre 22 heures et 6 heures du matin en semaine. Une mesure prise par la préfecture de police dans le but affiché de réduire les nuisances nocturnes et de lutter contre certaines activités illégales qui graviteraient autour de ces commerces. Une décision qui divise la population et les commerçants.
Un arrêté motivé par des problématiques de sécurité
L’arrêté préfectoral s’inscrit dans une volonté des pouvoirs publics de réduire les troubles à l’ordre public liés à certaines épiceries de nuit. Selon la préfecture, ces établissements seraient impliqués, directement ou indirectement, dans divers problèmes urbains : nuisances sonores, attroupements tardifs, consommation d’alcool sur la voie publique, et parfois même des activités illicites telles que la revente de produits de contrebande.
« Nous avons constaté une recrudescence des incivilités et des actes de délinquance autour de ces commerces ouverts tard dans la nuit. Cette fermeture vise à restaurer le calme dans certains quartiers », explique un représentant de la préfecture.
Ce n’est pas la première fois que la question des épiceries de nuit est mise sur la table par les autorités locales. En décembre dernier, plusieurs voix s’étaient déjà élevées contre ces commerces, les accusant de favoriser des activités illégales, notamment le blanchiment d’argent ou la revente d’alcool en dehors des réglementations en vigueur.
Les commerçants en colère
Pour les épiciers de nuit, cette décision est perçue comme une injustice. Beaucoup d’entre eux estiment être injustement ciblés et craignent de lourdes pertes financières.
« Nous respectons les règles, nous payons nos charges, et pourtant nous sommes pénalisés. La majorité de nos clients sont des travailleurs qui finissent tard ou des personnes ayant un besoin urgent de courses. Pourquoi nous mettre tous dans le même sac ? » s’indigne Ahmed, propriétaire d’une épicerie du centre-ville.
Certains commerçants envisagent d’intenter un recours contre cette mesure, qu’ils jugent discriminatoire et préjudiciable pour leur activité. D’autres prévoient de s’adapter en renforçant leurs services de livraison ou en modifiant leurs horaires d’ouverture pour limiter les pertes.
Une réaction mitigée des habitants
L’opinion des Marseillais est partagée. Certains riverains saluent cette initiative, espérant qu’elle permettra d’améliorer leur cadre de vie.
« Je vis près d’une épicerie qui reste ouverte toute la nuit. Chaque soir, il y a des gens qui parlent fort sous mes fenêtres, qui boivent et qui laissent des déchets partout. J’espère que cette mesure va réduire ces nuisances », témoigne Julie, résidente du quartier de la Belle de Mai.
D’autres, en revanche, voient dans cette fermeture une contrainte inutile qui pénalise les consommateurs.
« Il m’arrive souvent de finir tard mon service et d’aller acheter de quoi manger après minuit. Maintenant, je vais devoir anticiper ou me contenter des distributeurs automatiques », regrette Karim, chauffeur de taxi.
Une mesure temporaire ou durable ?
Il reste à voir si cette mesure sera maintenue sur le long terme ou si elle fera l’objet d’aménagements. Pour l’heure, la préfecture reste ferme et assure que la situation sera évaluée régulièrement. Une éventuelle extension de la restriction aux week-ends n’est pas exclue, en fonction des résultats observés.
En attendant, les commerçants impactés doivent s’adapter à ces nouvelles règles qui modifient en profondeur leur modèle économique. Quant aux habitants, ils devront prendre leurs dispositions pour ne pas se retrouver pris au dépourvu une fois la nuit tombée.
Cette mesure, qui vise à améliorer la qualité de vie en milieu urbain, pose à nouveau la question de l’équilibre entre liberté commerciale et sécurité publique. Une équation que les autorités devront continuer à ajuster en fonction des réactions et des résultats sur le terrain.

