Une surveillante de collège a été poignardée à mort par un élève de 14 ans à Nogent (Haute-Marne). Le drame suscite une onde de choc nationale et relance le débat sur la violence en milieu scolaire.
Une surveillante de collège a été poignardée à mort par un élève de 14 ans à Nogent (Haute-Marne). Le drame suscite une onde de choc nationale et relance le débat sur la violence en milieu scolaire.

Le mercredi 10 juin au matin, la commune de Nogent, en Haute-Marne, a été le théâtre d’un drame qui bouleverse la France entière. Mélanie G., assistante d’éducation âgée de 31 ans, a été poignardée à mort devant le collège Françoise-Dolto. L’agresseur présumé est un élève de 14 ans, scolarisé en classe de 3e.
Immédiatement interpellé par les gendarmes, il a été placé en garde à vue. L’émotion, la sidération et l’indignation dominent, tandis que les autorités politiques et éducatives tentent de comprendre comment un tel acte a pu se produire.
Les faits se sont déroulés peu avant 10h, à proximité immédiate du portail de l’établissement. Selon les premiers éléments de l’enquête, le jeune garçon aurait porté plusieurs coups de couteau à la surveillante avant d’être maîtrisé par le personnel et arrêté par les forces de l’ordre. La victime, en arrêt cardio-respiratoire à l’arrivée des secours, a été évacuée en urgence vers l’hôpital de Chaumont, où elle est décédée quelques heures plus tard. Aucun autre élève n’a été blessé.
L’arme utilisée, un couteau de cuisine, aurait été apportée par l’élève dans son sac, ce qui relance immédiatement le débat sur la sécurisation des établissements scolaires.
Le profil du suspect commence à se dessiner. Il s’agit d’un élève âgé de 14 ans, décrit par plusieurs sources comme solitaire, instable et ayant fait l’objet de rapports disciplinaires. Selon plusieurs témoignages, il aurait été exclu temporairement à deux reprises après des actes de violence envers des camarades : une tentative d’étranglement et un coup de poing. Un autre collégien a confié à la presse que le suspect « détestait les surveillants » et avait exprimé à voix haute son intention de poignarder quelqu’un avant la fin de l’année.
Ces éléments, actuellement vérifiés par les enquêteurs, renforcent les interrogations autour du suivi psychologique et éducatif de l’adolescent, ainsi que de sa prise en charge après les incidents antérieurs.
À Nogent, commune de moins de 2 000 habitants, l’émotion est palpable. La maire, Anne-Marie Nédélec, a décrété une fermeture exceptionnelle du collège, mettant en place une cellule psychologique pour les élèves, parents et personnel. Une marche blanche en hommage à Mélanie G. est prévue vendredi.
Des habitants abasourdis évoquent un drame inimaginable dans cette petite ville tranquille. « C’est une catastrophe. On pense aux élèves, aux profs, à la famille de cette pauvre femme », confie une mère d’élève. Pour beaucoup, le sentiment de sécurité dans l’école publique est ébranlé.
Le drame a immédiatement suscité de nombreuses réactions politiques. Emmanuel Macron, depuis l’Isère, a dénoncé un « déferlement de violence insensé » et a annoncé de nouvelles mesures en lien avec la sécurité des mineurs. Il souhaite interdire la vente de couteaux aux mineurs sur Internet, évoquant aussi un meilleur encadrement des réseaux sociaux pour les moins de 15 ans.
Le Premier ministre François Bayrou est allé plus loin, évoquant une « dérive de la société ». Il a proposé l’expérimentation de portiques de détection d’armes dans les établissements scolaires et l’interdiction générale de la vente de couteaux aux mineurs.
Le ministre de l’Éducation nationale, Nicole Belloubet, a exprimé sa profonde tristesse, rappelant que ce type d’acte, bien que rarissime, touche au cœur même de la République. Elle a annoncé l’ouverture d’une enquête administrative sur le fonctionnement du collège et le suivi de l’élève.
Les annonces gouvernementales, bien que fortes, font déjà l’objet de débats. Certains syndicats d’enseignants et experts en éducation pointent les limites de la réponse sécuritaire face à des actes souvent liés à des troubles psychologiques ou familiaux profonds.
Un représentant syndical du SNES-FSU note : « Installer des portiques ? Cela peut rassurer, mais ne remplace pas un accompagnement humain, éducatif et médical renforcé. » D’autres s’interrogent sur l’efficacité de la mesure, rappelant que certaines armes (notamment en céramique) échappent aux détecteurs.
L’adolescent a été placé en garde à vue dès mercredi matin et pourrait être présenté à un juge d’instruction dans les prochaines heures. L’enquête est menée par la section de recherches de la gendarmerie de Reims. Le parquet de Chaumont a ouvert une enquête pour assassinat, ce qui suppose une préméditation, actuellement à l’étude.
Les gendarmes explorent plusieurs axes : les motivations du geste, la préparation éventuelle, le cadre familial du suspect, et les réactions du collège aux signaux d’alerte précédents.
Ce drame, rare dans sa violence et sa symbolique, relance avec acuité la question de la sécurité à l’école. La mort de Mélanie G. s’ajoute à d’autres incidents graves survenus ces dernières années, souvent dans un contexte de tensions croissantes entre élèves et encadrants.
Si l’émotion domine aujourd’hui, le gouvernement est d’ores et déjà attendu sur des réformes concrètes, à la fois en matière de prévention, de justice des mineurs et de prise en charge psychologique des jeunes en rupture.
Le nom de Mélanie G. rejoint tristement ceux de figures de l’école tombées dans l’exercice de leur mission, au service de l’éducation, de la paix et du vivre-ensemble.