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Bruno Retailleau frappe fort : deux groupes dissous pour « violences »

Le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau a annoncé la dissolution de la Jeune Garde et de Lyon Populaire, deux groupes opposés sur le plan idéologique mais accusés de violences. La gauche dénonce un traitement équivalent injustifié.

bruno retailleau

Ce jeudi 12 juin 2025, Bruno Retailleau, ministre de l’Intérieur, a annoncé la dissolution de deux organisations militantes : la Jeune Garde, un mouvement antifasciste actif depuis 2018, et Lyon Populaire, un groupe d’ultradroite fondé en 2019. Ces décisions ont été actées en Conseil des ministres, conformément aux procédures prévues par la loi, au motif de menaces à l’ordre public.

Retailleau a justifié ces mesures par la nécessité de « ne rien laisser passer » face aux violences militantes. Dans un discours ferme, il a dénoncé les « agissements violents contre les personnes » de la Jeune Garde, et l’« apologie de la collaboration avec le nazisme » reprochée à Lyon Populaire. Deux groupuscules idéologiquement opposés, mais tous deux qualifiés de dangereux pour la République par le ministre.

La Jeune Garde, cible principale des critiques

Fondée en 2018 à Lyon, la Jeune Garde s’est présentée dès ses débuts comme un collectif antifasciste structuré, opposé à l’extrême droite et aux violences racistes. Proche de La France insoumise et du député Raphaël Arnault, lui-même ancien membre fondateur, l’organisation s’était étendue à Strasbourg, Lille et Paris. Elle revendiquait des actions de terrain contre les « groupuscules fascisants », notamment lors de manifestations ou de contre-rassemblements.

Mais pour Bruno Retailleau, le vernis militant masque des pratiques inacceptables : il évoque des « incitations à la haine, des appels à la violence, et des agressions physiques organisées ». La dissolution se fonde sur un rapport de la direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) qui décrit un activisme à la frontière de la légalité.

Lyon Populaire dans le viseur pour idéologie néonazie

L’autre groupe dissous ce jeudi est Lyon Populaire, formation identitaire née en 2019. Se revendiquant du courant national-révolutionnaire, cette organisation défend des positions xénophobes, anti-immigration et antisémites. Elle avait déjà attiré l’attention des autorités après avoir organisé plusieurs actions violentes à Lyon et dans sa région.

Le ministère accuse ce collectif d’apologie explicite du régime nazi, de révisionnisme historique et de discours haineux visant les personnes immigrées et les musulmans. À plusieurs reprises, des rassemblements ont été interdits par la préfecture, et des membres ont été poursuivis pour violences aggravées.

Retailleau a justifié cette dissolution en parlant d’une organisation « dangereuse pour l’unité nationale », rappelant que la République ne tolère ni « les ennemis de la démocratie, ni les nostalgiques du fascisme ».

Vives réactions dans le champ politique

Les annonces du ministre ont provoqué une onde de choc dans la classe politique, particulièrement à gauche. Le député Raphaël Arnault a dénoncé une décision « sur commande du Rassemblement national » et a annoncé vouloir saisir le Conseil d’État pour contester la dissolution de la Jeune Garde.

Jean-Luc Mélenchon a, lui aussi, réagi vivement : « Dissoudre une organisation antifasciste, c’est envoyer un signal terrible de contresens politique », a-t-il écrit sur les réseaux sociaux. De son côté, la députée européenne Manon Aubry a critiqué un « relativisme moral inacceptable » entre fascistes et antifascistes.

À droite, en revanche, le Rassemblement national a salué la décision, estimant que la Jeune Garde est un « groupuscule violent, fasciste et antisémite d’extrême gauche ». Plusieurs élus Les Républicains ont également exprimé leur soutien à Retailleau, mettant en avant une politique de « tolérance zéro » face aux extrêmes.

Pas de dissolution pour Urgence Palestine

Initialement évoquée, la dissolution de l’association Urgence Palestine n’a pas été retenue lors du Conseil des ministres. Cette organisation, accusée par plusieurs élus de propager un discours radical voire antisémite, reste dans le viseur du ministère, mais les éléments juridiques ne sont pas encore jugés suffisants pour engager une procédure formelle.

Retailleau a précisé que « le dossier reste à l’étude », tout en insistant sur la nécessité de préserver la liberté d’expression tout en combattant l’apologie du terrorisme.

Une stratégie d’équilibre contestée

Cette série de dissolutions s’inscrit dans une stratégie d’équilibre voulue par Retailleau, visant à montrer une impartialité dans la répression des extrêmes, qu’ils soient de gauche ou de droite. Il entend ainsi répondre aux critiques régulières sur un prétendu laxisme vis-à-vis des violences de l’ultragauche.

Mais cette symétrie est vivement contestée par de nombreux observateurs. Si la violence est condamnée de part et d’autre, assimiler dans un même mouvement des antifascistes et des nostalgiques du nazisme reste un acte politiquement risqué, dans un contexte déjà très polarisé.

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