Le procès de Sean Combs, alias P. Diddy, s’ouvre ce lundi à New York. Le producteur est accusé d’avoir dirigé pendant deux décennies un réseau d’exploitation sexuelle. Il risque la prison à vie.
Le procès de Sean Combs, alias P. Diddy, s’ouvre ce lundi à New York. Le producteur est accusé d’avoir dirigé pendant deux décennies un réseau d’exploitation sexuelle. Il risque la prison à vie.

Ce lundi 5 mai 2025, s’ouvre à New York l’un des procès les plus médiatisés de la décennie. Sean Combs, plus connu sous ses noms de scène P. Diddy, Puff Daddy ou encore Diddy, est poursuivi par la justice fédérale pour des accusations extrêmement graves : exploitation sexuelle, enlèvements, viols et extorsion. Derrière les paillettes d’une carrière emblématique de la musique américaine, ce sont plus de vingt ans de pratiques présumées criminelles qui sont aujourd’hui mises en lumière.
Derrière l’image du magnat du hip-hop, les procureurs fédéraux dressent un tableau glaçant. Selon l’acte d’accusation, Sean Combs aurait utilisé son influence et ses ressources pour mettre en place un système d’exploitation sexuelle à grande échelle. Des soirées appelées « freak-offs » auraient été organisées régulièrement, lors desquelles des femmes, parfois mineures, étaient droguées, contraintes à des actes sexuels, et filmées à leur insu.
Ces événements auraient eu lieu entre 2004 et 2024, dans différentes résidences privées appartenant à l’accusé, à Los Angeles, Miami ou encore New York.
Les procureurs parlent d’un schéma structuré, dans lequel Combs aurait utilisé des complices, notamment des collaborateurs de son label Bad Boy Records, pour recruter, droguer, contrôler et faire taire les victimes. Certaines femmes auraient été menacées, battues ou intimidées pour les empêcher de porter plainte.
En plus des poursuites pénales engagées par l’État fédéral, plus de 120 femmes ont déposé plainte au civil contre Sean Combs. Parmi elles, 25 affirment avoir été mineures au moment des faits. Les témoignages, recueillis dans un climat de peur et de honte, s’accumulent depuis l’éclatement de l’affaire en septembre 2024, date de l’arrestation de l’artiste.
Certaines allégations remontent à 1991, au tout début de la carrière de Combs. Il est reproché à l’artiste d’avoir profité de sa position dominante dans l’industrie musicale pour obtenir le silence de ses victimes ou les pousser à signer des accords de confidentialité.
Depuis son arrestation, Sean Combs est incarcéré au centre de détention métropolitain de Brooklyn. Ses multiples demandes de libération sous caution ont été rejetées, en raison de risques d’intimidation des témoins. Lors des premières audiences, l’artiste a clamé son innocence, qualifiant les accusations de « complètement infondées » et affirmant que les relations étaient consenties dans un cadre échangiste assumé.
Ses avocats dénoncent une « chasse à l’homme médiatique » et affirment que Combs est victime de son statut de célébrité. Ils promettent une défense agressive et médiatiquement encadrée. Le procès devrait s’ouvrir par la sélection du jury, un processus qui pourrait durer plusieurs jours, compte tenu de la notoriété de l’accusé et de la sensibilité des charges.
L’affaire a déjà eu des répercussions considérables sur la carrière de Sean Combs. Plusieurs grandes marques ont rompu leurs contrats de partenariat, des plateformes de streaming comme Spotify ou Apple Music ont retiré une partie de son catalogue, et l’université Howard, dont il était l’un des anciens élèves les plus célèbres, a retiré ses distinctions honorifiques.
Autrefois considéré comme un modèle d’ascension sociale et artistique, Combs semble désormais isolé, même au sein de l’industrie du divertissement. Peu de personnalités prennent aujourd’hui sa défense publiquement, et certains anciens collaborateurs ont annoncé leur volonté de témoigner contre lui.
Le procès de Sean Combs s’annonce comme l’un des plus retentissants de l’histoire récente de l’industrie musicale américaine. Il fait écho à d’autres affaires qui ont ébranlé Hollywood, comme celles de Harvey Weinstein ou R. Kelly, en posant à nouveau la question des abus systémiques de pouvoir et de silence dans le monde du divertissement.
Si Sean Combs est reconnu coupable, il encourt la prison à perpétuité. La justice devra maintenant établir si l’icône du hip-hop a bien été, pendant deux décennies, le chef d’orchestre d’un vaste réseau criminel dissimulé derrière le succès.