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Notre-Dame de Garaison : des anciens élèves brisent le silence sur des décennies de violences

Notre-Dame de Garaison

Depuis plusieurs semaines, l’institution catholique de Notre-Dame de Garaison, située à Monléon-Magnoac dans les Hautes-Pyrénées, est secouée par une vague de témoignages dénonçant des faits de violences physiques et sexuelles subies par des élèves entre les années 1970 et 1990. Deux plaintes ont déjà été déposées en mars 2025, et un collectif d’anciens élèves s’est formé pour demander justice. Retour sur une affaire qui ravive le débat sur les abus dans les établissements scolaires religieux.

Des plaintes qui mettent en lumière des abus passés

Le 5 mars dernier, un premier ancien élève de Notre-Dame de Garaison a porté plainte contre X pour viol et agressions sexuelles. Il affirme avoir été victime de sévices lorsqu’il était interne au début des années 1990. Moins de deux semaines plus tard, le 17 mars, une deuxième plainte a été déposée, cette fois contre un surveillant de l’internat pour violences aggravées, agressions sexuelles et viols. Ce dernier aurait sévi entre 1992 et 1994.

Ces plaintes ne sont que la partie émergée d’un iceberg bien plus large. Un collectif regroupant une cinquantaine d’anciens élèves s’est constitué pour témoigner des violences systémiques qui auraient régné au sein de l’établissement pendant plusieurs décennies. Punitions corporelles, coups de fouet, humiliations et sévices nocturnes font partie des récits glaçants livrés par les victimes présumées.

Un internat à la discipline brutale

Notre-Dame de Garaison, fondée au XIXe siècle, a longtemps cultivé une image d’institution catholique exigeante, où la rigueur et la discipline primaient. Cependant, de nombreux anciens élèves décrivent aujourd’hui un véritable « régime de terreur », en particulier pour les internes.

« Les surveillants avaient un pouvoir absolu sur nous. Ils nous frappaient avec des ceintures, des règles en bois, nous obligeaient à nous agenouiller pendant des heures sur des graviers », raconte un ancien élève sous couvert d’anonymat. Il évoque également des nuits passées dans des dortoirs de soixante lits, sous la menace constante de punitions violentes. « Si on parlait après l’extinction des feux, c’était la gifle assurée, et pas une petite. »

Une affaire qui ravive de vieux démons

Ce n’est pas la première fois que Notre-Dame de Garaison est au centre d’une affaire de violences sur mineurs. En 2009, un surveillant avait déjà été condamné à 14 ans de prison pour viols et agressions sexuelles sur des élèves entre 1987 et 2006. À l’époque, cette affaire avait suscité une onde de choc mais n’avait pas entraîné d’enquête approfondie sur le fonctionnement de l’établissement.

Les nouvelles révélations relancent aujourd’hui la question des pratiques disciplinaires extrêmes qui auraient perduré bien après cette condamnation. Selon certains témoignages, les violences étaient monnaie courante et tolérées par la hiérarchie, voire encouragées sous couvert de maintien de l’ordre et de l’autorité.

Une institution qui se défend

Face à ces accusations, l’actuel directeur de Notre-Dame de Garaison, Joseph Corteggiani, en poste depuis 2001, a tenu à réagir. Il condamne fermement les actes rapportés mais insiste sur le fait que « ce temps-là est révolu ». Selon lui, l’établissement a radicalement changé et les pratiques dénoncées ne reflètent en rien la réalité actuelle.

« Les choses qui ont pu être dépeintes dans la presse sont aux antipodes de ce que nous vivons aujourd’hui. Notre-Dame de Garaison est un lieu d’éducation bienveillant, où les élèves évoluent dans un cadre sécurisant et respectueux », a-t-il déclaré dans un communiqué.

De son côté, le rectorat de Toulouse a annoncé l’ouverture d’une mission d’inspection pour s’assurer du respect des obligations légales et réglementaires au sein de l’établissement. Une initiative qui vise à rassurer les familles et à garantir que de telles pratiques ne se reproduisent plus.

Vers une reconnaissance judiciaire des faits ?

L’enquête en cours devra déterminer si les plaintes déposées aboutiront à des poursuites judiciaires contre d’anciens membres du personnel de l’établissement. Mais l’affaire Notre-Dame de Garaison dépasse le cadre d’un seul internat : elle s’inscrit dans un contexte plus large de libération de la parole autour des abus commis dans des institutions catholiques.

Ces dernières années, plusieurs affaires similaires ont émergé en France, notamment celle du pensionnat de Bétharram, où d’anciens élèves ont également dénoncé des faits de maltraitance et d’abus sexuels. Le travail des associations de soutien aux victimes et la médiatisation de ces affaires permettent à de nombreuses victimes de trouver la force de parler après des années de silence.

En attendant les conclusions de l’enquête, le collectif des anciens élèves de Notre-Dame de Garaison continue de rassembler des témoignages et d’encourager d’autres victimes à porter plainte. « On veut que la justice fasse son travail, mais aussi que l’histoire ne se répète pas pour les générations futures », affirme un ancien interne.

L’onde de choc provoquée par ces révélations n’a sans doute pas fini de secouer le monde de l’enseignement catholique.

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