Aboubakar Cissé, 22 ans, a été assassiné dans une mosquée du Gard par Olivier Hadzovic, mis en examen pour assassinat à caractère religieux. Le crime a choqué la France et relancé le débat sur l’islamophobie.
Aboubakar Cissé, 22 ans, a été assassiné dans une mosquée du Gard par Olivier Hadzovic, mis en examen pour assassinat à caractère religieux. Le crime a choqué la France et relancé le débat sur l’islamophobie.

Le meurtre d’Aboubakar Cissé, un jeune Malien de 22 ans, survenu le 25 avril 2025 dans la mosquée Khadidja de La Grand-Combe, dans le Gard, a bouleversé bien au-delà des frontières françaises. Poignardé à 57 reprises pendant la prière du matin, la victime aurait été la cible d’un acte prémédité, nourri de haine religieuse. L’agresseur, Olivier Hadzovic, un Français de 20 ans, a été mis en examen le 9 mai pour « assassinat en raison de la religion » avant d’être écroué. L’émotion est immense, et les interrogations nombreuses.
Lors de l’attaque, Olivier Hadzovic a proféré des propos islamophobes explicites, notamment « ton Allah de merde », selon les premiers éléments de l’enquête. Ces mots, associés à la violence extrême de l’agression, ont conduit la justice à retenir la circonstance aggravante de la haine religieuse. Bien que suivi par le parquet national antiterroriste, le dossier n’a pas été repris par celui-ci, les autorités estimant qu’il s’agirait de l’acte d’un individu isolé, et non d’une entreprise terroriste organisée.
Après l’agression, le suspect a pris la fuite pendant trois jours. Il a finalement été interpellé à Pistoia, en Toscane, où il s’est rendu de lui-même aux autorités italiennes. Extradé vers la France, Olivier Hadzovic a comparu devant un juge d’instruction à Nîmes. Ce dernier l’a mis en examen avant de le placer en détention provisoire.
Au cours de cette première audience, Hadzovic n’a pas pu s’exprimer, invoquant des troubles médicaux et psychologiques. Selon les enquêteurs, il aurait filmé le meurtre, exprimant une fascination morbide pour la mort.
Ce meurtre a provoqué une vive émotion, tant en France qu’au Mali, pays d’origine de la victime. À La Grand-Combe, une marche blanche a rassemblé des centaines de personnes. À Paris, une cérémonie de recueillement a eu lieu à la Grande Mosquée, en présence de figures religieuses et politiques. Le corps d’Aboubakar Cissé a été rapatrié à Bamako, où un hommage officiel lui a été rendu.
Plusieurs voix se sont élevées pour dénoncer la lenteur et la tiédeur de la réaction des autorités françaises. Le Conseil français du culte musulman a regretté que les actes islamophobes ne soient pas traités avec la même rigueur que d’autres crimes de haine. Le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, a lui aussi été critiqué pour son silence initial. Lorsqu’il s’est finalement exprimé, ce fut pour dénoncer « l’islam politique », sans mentionner explicitement le caractère islamophobe du meurtre. Une posture qui a accentué le sentiment d’abandon ressenti par une partie des musulmans de France.
L’affaire Hadzovic relance un débat brûlant : celui de la reconnaissance et du traitement des crimes islamophobes en France. Plusieurs associations et élus appellent désormais à une réforme de la politique publique de lutte contre les discriminations religieuses. La question de la sécurisation des lieux de culte musulmans est également remise au cœur des préoccupations. Si la justice poursuit son travail, la société civile, elle, s’interroge : combien faudra-t-il encore de drames pour que les actes de haine religieuse soient pleinement pris au sérieux ?