Depuis le 6 juin 2025, Los Angeles est secouée par des manifestations massives contre les rafles d’immigration. Des violences ont éclaté, poussant les autorités à déployer la Garde nationale. La situation reste explosive.
Depuis le 6 juin 2025, Los Angeles est secouée par des manifestations massives contre les rafles d’immigration. Des violences ont éclaté, poussant les autorités à déployer la Garde nationale. La situation reste explosive.

Depuis le 6 juin 2025, la ville de Los Angeles est le théâtre d’un soulèvement populaire inédit. Tout est parti de raids massifs conduits par les agents de l’ICE (Immigration and Customs Enforcement) dans plusieurs quartiers à forte population hispanique comme Compton, Boyle Heights et Paramount.
Ces opérations ont mené à l’arrestation de plusieurs dizaines de personnes, accusées de séjour irrégulier. En quelques heures, les réseaux sociaux ont relayé des vidéos d’interpellations musclées, provoquant une onde de choc dans la ville.
Dès le lendemain, des milliers de manifestants se sont rassemblés dans le centre-ville pour dénoncer ce qu’ils appellent une « chasse à l’homme ethnique ». Encadrés par des ONG et des associations locales, ils ont crié leur opposition à la politique migratoire du président Trump, jugée brutale et arbitraire.
Les premières journées ont été majoritairement pacifiques, malgré quelques tensions avec la police. Mais la situation a basculé le 8 juin, lorsque des groupes de protestataires ont envahi l’autoroute 101, provoquant la paralysie du trafic et l’incendie de plusieurs véhicules autonomes Waymo.
Le centre-ville a été placé en « unlawful assembly » : une interdiction de rassemblement, assortie de sommations de dispersion. Des unités de police anti-émeute ont tenté de repousser les manifestants à l’aide de gaz lacrymogènes, grenades assourdissantes et tirs de balles en caoutchouc.
Plusieurs vidéos montrent des affrontements intenses, avec jets de projectiles, feux de poubelles et barricades improvisées. Au moins deux journalistes étrangers ont été blessés, et entre 27 et 60 personnes ont été interpellées, selon les différentes estimations.
Face à l’escalade, la Maison Blanche a ordonné le déploiement de la Garde nationale, sans consulter les autorités locales. Un premier contingent de 300 soldats a été envoyé le 8 juin, puis renforcé jusqu’à 2 000 hommes, une première en Californie depuis 1965 sans accord du gouverneur. Cette décision a suscité l’indignation de l’exécutif californien.
Le gouverneur Gavin Newsom a dénoncé un « empiètement fédéral » et promis une action en justice contre le gouvernement Trump. La maire de Los Angeles, Karen Bass, a quant à elle appelé au calme tout en rappelant que « l’injustice ne doit pas justifier la destruction ».
Les manifestations ont été largement portées par les communautés latino-américaines, directement visées par les rafles. De nombreuses figures syndicales, associatives et religieuses sont descendues dans la rue. Le leader du syndicat SEIU, David Huerta, a même été arrêté alors qu’il tentait de négocier avec les forces de l’ordre.
L’ACLU, organisation de défense des libertés civiles, a annoncé avoir déposé une plainte fédérale pour « violation du droit à manifester ». Plusieurs universités locales ont également vu leurs étudiants rejoindre le mouvement.
L’onde de choc dépasse les frontières californiennes. Des manifestations de solidarité ont eu lieu à San Francisco, Portland et Salt Lake City, où des affrontements ont également été signalés. Dans la capitale fédérale, plusieurs élus démocrates exigent une audition d’urgence du Département de la Sécurité intérieure.
Le climat politique déjà tendu à l’approche des élections présidentielles de 2026 se voit exacerbé par cette crise migratoire à haute tension. Pour beaucoup d’observateurs, Los Angeles est en train de devenir le symbole de la résistance face aux dérives fédérales.
La journée du 9 juin s’annonce décisive. De nouveaux rassemblements sont prévus dans les rues de Los Angeles, malgré le risque de confrontation accru avec les militaires. La situation reste extrêmement instable et les autorités craignent une nouvelle flambée de violence.
Au-delà de l’enjeu local, ce soulèvement pose une question de fond : jusqu’où un État peut-il résister à une politique fédérale qu’il juge illégitime ? Une interrogation qui pourrait bien redessiner les lignes de fracture du pays.