Le général Brice Oligui Nguema a été élu président du Gabon avec 90,35 % des voix lors de la première élection post-Bongo. Ce scrutin marque une nouvelle ère politique, mais soulève des critiques sur l’équité électorale.
Le général Brice Oligui Nguema a été élu président du Gabon avec 90,35 % des voix lors de la première élection post-Bongo. Ce scrutin marque une nouvelle ère politique, mais soulève des critiques sur l’équité électorale.

Brice Clotaire Oligui Nguema a été élu président du Gabon avec 90,35 % des voix lors de l’élection présidentielle du 12 avril 2025, selon les résultats provisoires annoncés par le ministère de l’Intérieur. Ce scrutin marque la première élection présidentielle depuis le coup d’État d’août 2023, qui avait mis fin à plus d’un demi-siècle de règne de la famille Bongo. L’élection s’est tenue dans un climat de forte attente, symbolisant pour beaucoup un tournant dans l’histoire politique du pays.
Avec un taux de participation de 70,4 %, soit environ 920 000 électeurs inscrits, la mobilisation a été considérée comme significative par les observateurs nationaux. Oligui Nguema, déjà président de la transition depuis le putsch contre Ali Bongo Ondimba, a ainsi vu son pouvoir validé par les urnes.
Face à lui, l’ancien Premier ministre Alain-Claude Bilie-By-Nze n’a recueilli que 3,02 % des suffrages, une défaite cinglante pour celui qui espérait incarner une alternative démocratique crédible. D’autres candidats, peu médiatisés et disposant de moyens limités, n’ont pas dépassé la barre des 2 %.
Certains membres de l’opposition dénoncent une campagne déséquilibrée. Bilie-By-Nze a notamment accusé Oligui Nguema d’avoir utilisé les ressources de l’État pour mener une campagne intensive, une allégation fermement rejetée par les autorités. Malgré cela, aucune violence majeure ni trouble significatif n’a été rapporté lors du scrutin.
Oligui Nguema n’est pas un inconnu dans le paysage gabonais. Ancien chef de la Garde républicaine, il avait pris le pouvoir après avoir contesté les résultats de l’élection de 2023, qualifiés de frauduleux par les militaires. Il s’était alors engagé à mener une transition apaisée, promettant des réformes institutionnelles et la mise en place d’une nouvelle constitution, adoptée en novembre 2024.
Cette nouvelle loi fondamentale introduit notamment une limitation à deux mandats présidentiels et une durée du mandat fixée à sept ans, ce qui structure désormais la nouvelle ère politique gabonaise. L’élection de 2025 constitue donc une étape charnière, destinée à légitimer le pouvoir de celui qui s’était installé sans passer par les urnes.
Des organisations de la société civile gabonaise, telles que le Réseau des observateurs électoraux citoyens, ont jugé le déroulement de l’élection globalement satisfaisant. Selon leur rapport préliminaire, 94,8 % des bureaux de vote ont fonctionné dans des conditions adéquates, et 98,6 % des observateurs ont estimé que le scrutin s’est déroulé dans la transparence.
Néanmoins, plusieurs voix s’élèvent pour questionner l’équité du processus. Des observateurs internationaux soulignent l’absence de pluralisme politique véritable et le poids disproportionné du candidat sortant dans les médias d’État. Pour de nombreux Gabonais, l’élection apparaît davantage comme une formalisation du pouvoir d’Oligui Nguema que comme une véritable compétition démocratique.
La tâche qui attend le président élu est immense. Après des décennies de gestion jugée opaque sous le régime Bongo, la population attend des réformes concrètes : lutte contre la corruption, relance économique, amélioration des services publics. Lors de son discours de victoire, Oligui Nguema a promis de « rendre au peuple gabonais la dignité et la prospérité qu’il mérite », un engagement qui sera scruté de près.
Son mandat, qui court jusqu’en 2032, sera un test crucial pour savoir si la promesse de rupture avec les anciennes pratiques sera tenue. Pour l’heure, le général-président savoure une victoire massive, mais le scepticisme reste fort dans certains cercles politiques et au sein de la société civile.