Sabine et Thomas Grataloup poursuivent Bayer, ex-Monsanto, estimant que l’herbicide Roundup est responsable des graves malformations de leur fils. Le procès s’est ouvert le 3 avril à Vienne, dans l’Isère.
Sabine et Thomas Grataloup poursuivent Bayer, ex-Monsanto, estimant que l’herbicide Roundup est responsable des graves malformations de leur fils. Le procès s’est ouvert le 3 avril à Vienne, dans l’Isère.

Le jeudi 3 avril 2025, le tribunal judiciaire de Vienne, en Isère, a accueilli le début d’un procès très attendu. Sabine et Thomas Grataloup, parents du jeune Théo, aujourd’hui âgé de 17 ans, poursuivent la multinationale Bayer, qui a racheté Monsanto en 2018. En ligne de mire : l’herbicide Roundup, à base de glyphosate, que la mère aurait manipulé pendant sa grossesse, sans être informée des dangers potentiels pour le fœtus.
En 2006, alors enceinte sans le savoir de quelques semaines, Sabine Grataloup utilise du glyphosate pour désherber une carrière équestre. Quelques mois plus tard, Théo naît avec de graves malformations de l’œsophage, du larynx et du système respiratoire. Depuis sa naissance, il a subi plus de 55 opérations chirurgicales pour tenter de corriger ces malformations.
Le Fonds d’indemnisation des victimes des pesticides, mis en place par l’État français, a reconnu en 2021 un lien possible entre l’exposition prénatale au glyphosate et les malformations de Théo. Cette reconnaissance a permis à la famille de recevoir une indemnisation. Pour autant, cette décision n’a aucune portée judiciaire sur la responsabilité directe de Bayer.
Le procès intenté par les Grataloup vise à établir la responsabilité civile de Bayer pour avoir commercialisé un produit dangereux sans avertissement clair. Les avocats de la famille accusent la firme d’avoir « sciemment dissimulé » la toxicité du glyphosate pendant des décennies.
En toile de fond, ce procès pourrait créer une jurisprudence inédite pour d’autres victimes potentielles de ce pesticide controversé.
Interrogé par plusieurs médias, le groupe Bayer n’a pas souhaité commenter l’affaire avant l’audience. Le géant chimique campe sur sa position : le glyphosate, selon lui, est un produit sûr lorsqu’il est utilisé conformément aux instructions.
Pourtant, plusieurs études scientifiques et décisions judiciaires internationales remettent aujourd’hui en cause cette affirmation, notamment aux États-Unis, où Bayer a déjà dû verser des milliards de dollars à des plaignants atteints de cancer.
Le procès de Vienne s’annonce long et symbolique. Au-delà de la recherche de réparation pour Théo, les Grataloup espèrent interpeller l’opinion publique et les autorités sur les conséquences sanitaires de l’usage des pesticides. Leur objectif : rendre visible le coût humain de certaines pratiques agricoles, et peut-être ouvrir la voie à une interdiction plus stricte du glyphosate en France et en Europe.