Booba, figure majeure du rap français, est à nouveau mis en examen pour harcèlement aggravé envers Demdem, la compagne de Gims. Cette nouvelle affaire s’ajoute à plusieurs procédures en cours pour injures et cyberharcèlement.
Booba, figure majeure du rap français, est à nouveau mis en examen pour harcèlement aggravé envers Demdem, la compagne de Gims. Cette nouvelle affaire s’ajoute à plusieurs procédures en cours pour injures et cyberharcèlement.

Le rappeur Booba, de son vrai nom Élie Yaffa, se retrouve une nouvelle fois au centre d’une affaire judiciaire. Déjà connu pour ses multiples démêlés avec la justice française, l’artiste a été mis en examen le 16 octobre 2025 pour harcèlement moral aggravé sur Demdem, la compagne du chanteur Gims. L’information, confirmée par le parquet de Paris, marque une nouvelle étape dans la série de procédures qui visent la star.
Selon les autorités, les faits remonteraient à août 2022, période à laquelle Booba aurait tenu, sur les réseaux sociaux, des propos considérés comme offensants, ciblés et répétés à l’encontre de la plaignante.
Le rappeur de 48 ans a été placé en garde à vue à Paris avant d’être libéré sous contrôle judiciaire. Les autorités ont décidé de lui interdire tout contact avec Demdem, que ce soit directement ou via des tiers ou des réseaux sociaux. Cette mesure s’inscrit dans le cadre d’une procédure pour harcèlement moral en ligne, une infraction particulièrement surveillée par la justice française depuis la recrudescence de ce type de comportements sur Internet.
Selon les éléments de l’enquête, les attaques numériques auraient provoqué chez la victime une incapacité de travail supérieure à huit jours, élément aggravant dans le dossier. En cas de condamnation, Booba risque jusqu’à trois ans de prison et 45 000 euros d’amende.
Cette mise en examen n’arrive pas par hasard : Booba entretient depuis plusieurs années un conflit ouvert avec Gims, ponctué d’échanges virulents et de publications moqueuses sur les réseaux sociaux. L’artiste, habitué des clashs médiatiques, s’en est régulièrement pris au chanteur congolais et à sa compagne. L’affaire prend une tournure judiciaire à partir de 2022, lorsque plusieurs publications de Booba sur X (ancien Twitter) et Instagram sont perçues comme du harcèlement en ligne.
Les avocats de Gims et Demdem affirment que ces attaques répétées ont eu un impact psychologique significatif sur leur cliente. Cette plainte, déposée à Paris, a donc abouti à la mise en examen du rappeur après plusieurs mois d’enquête.
L’affaire Demdem n’est pas un cas isolé. Booba doit déjà comparaître le 3 décembre 2025 devant le tribunal judiciaire de Paris pour injures publiques à caractère discriminatoire et cyberharcèlement aggravé. Ces poursuites concernent des publications de janvier 2024, dans lesquelles il aurait tenu des propos jugés offensants à l’égard de la journaliste Linh-Lan Dao et de l’essayiste Tristan Mendès France.
Les messages postés sur X faisaient référence à leurs origines ou à leur apparence, dans un ton que le parquet considère discriminatoire. Pour cette affaire, Booba est déjà sous contrôle judiciaire, avec interdiction de contact avec les plaignants et le versement d’une caution financière.
Le rappeur, originaire de Boulogne-Billancourt, n’en est pas à sa première confrontation avec la justice. En octobre 2023, il avait déjà été mis en examen pour harcèlement moral aggravé à l’encontre de Magali Berdah, entrepreneuse du milieu de l’influence. Depuis plusieurs mois, Booba mène une croisade publique contre ce qu’il appelle la « fraude à l’influence », dénonçant des pratiques commerciales douteuses.
Mais les attaques, souvent virulentes et relayées à grande échelle par sa communauté, ont conduit à plusieurs plaintes pour diffamation et harcèlement. Il a d’ailleurs été condamné à verser 10 000 euros de dommages et intérêts à Magali Berdah dans une précédente procédure.
Booba revendique une posture de justicier autoproclamé sur les réseaux sociaux. Selon lui, ses interventions visent à « dénoncer » les abus de certains influenceurs ou artistes, et non à harceler. Cependant, la justice y voit souvent des campagnes d’intimidation numériques. Sur X, où il compte plusieurs millions d’abonnés, chaque publication crée un effet boule de neige.
Les personnes visées reçoivent ensuite des centaines de messages hostiles, parfois violents, provenant de fans du rappeur. Ce phénomène, déjà observé dans l’affaire Berdah, est désormais au cœur du dossier Demdem, la justice cherchant à déterminer si Booba a directement ou indirectement provoqué ces attaques collectives.
À chaque affaire judiciaire, Booba garde le même ton : celui de la dérision et de la provocation assumée. Sur ses réseaux, il affirme être victime d’une « chasse à l’homme » médiatique orchestrée par ceux qu’il critique. Concernant la plainte de Demdem, il a posté plusieurs messages laissant entendre qu’il ne regrettait rien, tout en niant avoir dépassé les limites légales.
Ses avocats, de leur côté, plaident la liberté d’expression et l’absence d’intention malveillante. Selon eux, Booba exerce son droit à la satire et à la critique publique, sans jamais inciter directement à la haine ou au harcèlement. Le débat juridique à venir devrait donc tourner autour de la frontière entre la satire et le harcèlement numérique.
L’affaire Booba illustre un phénomène plus large : la difficulté de la justice à encadrer les comportements sur les réseaux sociaux. Les propos en ligne sont désormais scrutés comme des actes à part entière, pouvant entraîner des sanctions pénales lourdes. Dans le cas du rappeur, la viralité de ses messages joue un rôle essentiel.
Lorsqu’un artiste suivi par des millions de personnes s’exprime, les conséquences dépassent largement le cadre d’un simple échange privé. Pour les magistrats, la notoriété amplifie la portée du harcèlement, et donc la gravité des faits. Ce point de droit, encore relativement récent, pourrait faire jurisprudence dans le traitement du cyberharcèlement en France.
Entre la mise en examen pour harcèlement aggravé sur Demdem, les procès à venir en décembre, et les dossiers toujours ouverts concernant Magali Berdah, l’avenir judiciaire de Booba s’annonce particulièrement dense. Si les procédures aboutissent à des condamnations, elles pourraient affecter durablement sa carrière et ses déplacements. À l’inverse, si les tribunaux estiment que ses publications relèvent du débat public ou de la satire, l’artiste pourrait se présenter comme un défenseur de la liberté d’expression face à la censure numérique.
En attendant les jugements, Booba continue de communiquer sur ses projets musicaux et ses concerts à Paris La Défense Arena, prévus du 10 au 12 octobre 2025, refusant de laisser ses affaires judiciaires ternir son image d’icône du rap français.