Des centaines de milliers de manifestants se sont réunis à Istanbul le 29 mars 2025 pour dénoncer l’arrestation du maire Ekrem İmamoğlu, symbole de l’opposition, et défendre la démocratie en Turquie.
Des centaines de milliers de manifestants se sont réunis à Istanbul le 29 mars 2025 pour dénoncer l’arrestation du maire Ekrem İmamoğlu, symbole de l’opposition, et défendre la démocratie en Turquie.

Le 29 mars 2025, la Turquie a connu l’une de ses plus grandes mobilisations citoyennes depuis le mouvement de Gezi en 2013. Des centaines de milliers de manifestants ont afflué dans la banlieue d’Istanbul pour exprimer leur soutien à Ekrem İmamoğlu, maire emblématique de la ville, arrêté dix jours plus tôt. Cette manifestation, initiée par le Parti républicain du peuple (CHP), principal parti d’opposition, a rassemblé une foule bigarrée : jeunes militants, familles, retraités et membres d’ONG, tous unis par une même exigence de démocratie.
Ekrem İmamoğlu, figure montante de l’opposition et sérieux rival du président Recep Tayyip Erdoğan, a été arrêté le 19 mars dans des circonstances controversées. Les autorités l’accusent de “propagande” et de “détournement de fonds publics”, des charges que ses soutiens qualifient de purement politiques. Son interpellation a immédiatement suscité une onde de choc à travers le pays, ravivant les craintes d’un durcissement autoritaire du pouvoir. Nombre d’analystes y voient une manœuvre visant à neutraliser un concurrent avant les élections présidentielles de 2028.
Malgré l’ampleur du rassemblement, les médias progouvernementaux ont largement minimisé l’événement, n’en faisant que de brefs comptes rendus, souvent déformés. Plusieurs chaînes n’ont diffusé aucune image des manifestations, préférant insister sur des sujets sans rapport. Cette stratégie de silence médiatique rappelle celle employée lors des mobilisations de 2013, et illustre la mainmise croissante du pouvoir sur l’information. À l’inverse, les réseaux sociaux ont joué un rôle crucial dans la diffusion en temps réel des images de la foule rassemblée à Istanbul.
Au-delà de la seule figure d’İmamoğlu, les manifestants réclament des garanties pour les libertés fondamentales, l’indépendance de la justice et la tenue d’élections équitables. Des slogans tels que “Justice pour tous”, “Non à la dictature” ou encore “Le peuple ne se taira pas” ont résonné durant des heures dans les rues. Le climat tendu fait craindre de nouvelles arrestations dans l’opposition, alors que des manifestations de solidarité ont déjà eu lieu dans d’autres grandes villes comme Ankara et Izmir. La Turquie entre dans une phase délicate où chaque geste du pouvoir pourrait déclencher une nouvelle vague de colère populaire.