Columbia plie sous la pression de Trump pour récupérer 400 millions de dollars
Sous la menace de perdre 400 millions de dollars de financements fédéraux, l’université Columbia, l’un des établissements les plus prestigieux des États-Unis, a annoncé vendredi 21 mars 2025 une série de mesures destinées à répondre aux exigences de l’administration Trump. Ce recul stratégique vise à lever les sanctions imposées début mars pour ce que la Maison Blanche qualifie de « gestion inadéquate » de manifestations jugées antisémites sur le campus.
Une sanction sans précédent imposée début mars
Le 7 mars dernier, l’administration Trump annonçait la suspension de plusieurs centaines de millions de dollars de subventions fédérales allouées à Columbia. En ligne de mire : des manifestations d’étudiants contre la politique israélienne, organisées ces derniers mois sur le campus de New York, dans un climat international marqué par les tensions liées à la guerre entre Israël et le Hamas.
L’exécutif américain, qui a placé la lutte contre l’antisémitisme au cœur de sa politique universitaire depuis son retour au pouvoir, estimait que l’université n’avait pas su prévenir des « actes et propos haineux », selon les termes employés dans un communiqué du département de l’Éducation.
Des concessions majeures de Columbia pour éviter l’asphyxie financière
Pour répondre aux exigences fédérales et récupérer les 400 millions de dollars de financements suspendus, Columbia a accepté plusieurs mesures. Parmi elles : l’interdiction du port de masques lors des manifestations étudiantes, sauf pour raisons médicales ou religieuses. Cette disposition, dénoncée par certaines associations de défense des libertés civiles, vise selon l’administration à « mieux identifier les fauteurs de trouble et limiter les débordements ».
Autre changement notable : les agents de sécurité du campus sont désormais autorisés à interpeller des individus en cas de trouble à l’ordre public. Une nouveauté controversée qui marque un tournant sécuritaire dans la gestion de la vie étudiante.
L’université a également annoncé la création d’un nouveau poste de vice-recteur, chargé de superviser spécifiquement le département d’études du Moyen-Orient, de l’Asie du Sud et de l’Afrique. L’objectif affiché : assurer une « diversité intellectuelle » dans l’enseignement, formule que plusieurs chercheurs perçoivent comme un encadrement idéologique.
Trump revendique une victoire politique majeure
De son côté, l’administration Trump a salué la décision de Columbia comme une victoire de sa politique éducative. « Les universités doivent être des espaces sûrs pour tous les étudiants, y compris les Juifs », a déclaré le secrétaire à l’Éducation dans un communiqué. Le président Trump, très actif sur son réseau Truth Social, a lui-même réagi en affirmant que « plus aucune université ne peut ignorer la montée de l’antisémitisme sans conséquences ».
Cette posture intervient dans un contexte de campagne présidentielle anticipée, où Trump continue de courtiser l’électorat évangélique et pro-israélien.
Vives critiques dans le monde académique
Mais la décision de Columbia a suscité de vives réactions dans le monde universitaire. Plusieurs professeurs ont dénoncé un recul de l’autonomie des institutions face au pouvoir exécutif. Pour eux, la mise sous tutelle partielle de certains départements menace la liberté académique, socle de l’enseignement supérieur américain.
Des étudiants ont également exprimé leur colère, pointant un climat de surveillance accru et une tentative de museler les mouvements de protestation. « Il ne s’agit pas d’antisémitisme, mais de liberté d’expression. C’est une répression politique », a déclaré une représentante de l’association Columbia Students for Justice in Palestine au New York Times.
Un précédent qui pourrait faire jurisprudence
L’affaire Columbia pourrait désormais faire école. L’administration Trump, forte de ce succès, laisse entendre qu’elle pourrait appliquer la même méthode à d’autres établissements accusés de laxisme face à des discours jugés haineux. Des universités comme Harvard ou UC Berkeley, également pointées du doigt dans le passé, observent la situation avec attention.
Au cœur du débat, une question persiste : jusqu’où l’État fédéral peut-il intervenir dans la gouvernance des universités au nom de la lutte contre l’antisémitisme ? Et à quel prix pour la liberté d’expression et l’indépendance intellectuelle ?

