Découvrez l’origine et l’évolution de l’échelle de Scoville, utilisée pour mesurer l’intensité des piments via leur teneur en capsaïcine. Son fonctionnement, ses limites, ses usages et plusieurs exemples piquants !
Découvrez l’origine et l’évolution de l’échelle de Scoville, utilisée pour mesurer l’intensité des piments via leur teneur en capsaïcine. Son fonctionnement, ses limites, ses usages et plusieurs exemples piquants !

Quand on croque dans un piment, ce n’est pas simplement une question de goût, mais un véritable choc sensoriel. Une brûlure, un picotement, parfois des larmes… Mais comment quantifier cette expérience si subjective ? C’est là qu’intervient l’échelle de Scoville, une méthode qui mesure la force des piments et leur teneur en capsaïcine, la molécule responsable de cette fameuse sensation de chaleur.
L’échelle porte le nom de Wilbur Scoville, un pharmacologue américain qui, en 1912, cherche à évaluer de manière standardisée la puissance des piments. Il met alors au point le Scoville Organoleptic Test, qui repose sur un principe simple : diluer un extrait de piment dans une solution sucrée jusqu’à ce que les testeurs humains ne perçoivent plus le piquant. Le degré de dilution donne le résultat en unités Scoville (SHU, pour Scoville Heat Units).
Par exemple, si une solution doit être diluée 5 000 fois avant que la sensation de brûlure disparaisse, le piment en question est noté à 5 000 SHU.
Bien que cette méthode ait été pionnière, elle présentait des limites : la perception du piquant varie selon les individus, leur sensibilité, et même l’habitude de consommer des aliments épicés. Aujourd’hui, l’analyse est devenue plus précise et objective.

Depuis les années 1980, la méthode de Scoville a été remplacée dans les laboratoires par la chromatographie en phase liquide haute performance (HPLC). Cette technique permet de mesurer la quantité exacte de capsaïcine (et d’autres capsaïcinoïdes) dans un piment, sans passer par des tests organoleptiques. Le résultat obtenu est ensuite converti en SHU pour conserver la référence historique.
La capsaïcine pure, par exemple, atteint 16 000 000 SHU. Une trace infime de cette substance suffit à provoquer une brûlure intense. C’est cette propriété qui la rend intéressante non seulement en cuisine, mais aussi dans le domaine pharmaceutique et dans la fabrication de sprays d’autodéfense.
L’échelle de Scoville permet de classer les piments et les produits à base de piment selon leur intensité. Voici quelques repères :
Cette gradation montre l’extraordinaire variété de piments dans le monde, chacun avec son arôme, sa chaleur, et ses usages culinaires ou non.
La capsaïcine agit en se liant à des récepteurs spécifiques (TRPV1) présents sur les terminaisons nerveuses de la bouche et de la langue. Ces récepteurs sont habituellement activés par la chaleur ou l’acide. La capsaïcine leur fait croire à une sensation thermique intense, provoquant la fameuse brûlure.
Mais attention : la capsaïcine ne détruit pas les cellules, elle stimule simplement une réaction de défense. C’est pourquoi on peut s’habituer à manger pimenté : à force, les récepteurs deviennent moins sensibles.
Pour ceux qui veulent explorer l’univers des piments, l’échelle de Scoville est un guide précieux. Il est recommandé de commencer par des piments doux, comme le piment d’Espelette ou le jalapeño, avant de monter en intensité.
En cas de brûlure buccale, l’eau est inefficace : la capsaïcine étant liposoluble, mieux vaut boire du lait, manger un morceau de pain ou utiliser un produit gras (crème, yaourt). Retrouvez tous nos conseils pour calmer la brûlure du piment sur la langue.
Certaines personnes recherchent volontairement des sensations extrêmes, allant jusqu’à participer à des concours de dégustation de piments. Attention toutefois : à forte dose, la capsaïcine peut provoquer des troubles digestifs, des vomissements et, dans de rares cas, des problèmes cardiovasculaires.
La passion du piment traverse les continents : du Mexique à l’Inde, en passant par la Corée, la Thaïlande ou le Maghreb, chaque région a ses variétés, ses recettes, et son rapport à la chaleur.
Dans certaines cultures, le piquant est même lié à la spiritualité, à la purification ou à des rites initiatiques. Ailleurs, il est valorisé pour ses effets stimulants, digestifs, ou même aphrodisiaques.
Le développement des sauces « hot » artisanales et la mode des « super-piments » ont créé un véritable marché, où la référence à l’échelle de Scoville devient un argument commercial.
Si l’échelle de Scoville permet de comparer objectivement la puissance des piments, elle ne résume pas à elle seule l’expérience gustative. Chaque piment a son profil : fruité, fumé, terreux, citronné… Et son usage en cuisine dépend autant de son arôme que de son intensité.
En définitive, la chaleur est un ingrédient comme un autre, à doser avec soin, curiosité et respect. L’échelle, si elle ne remplace pas le palais, reste un outil essentiel pour comprendre et apprivoiser ce feu végétal qui enflamme les cuisines du monde entier.