Light
Dark

Attentat contre une synagogue à Manchester : l’ombre de l’antisémitisme plane sur le Royaume-Uni

L’attentat antisémite contre la synagogue de Manchester, survenu le 2 octobre pendant Yom Kippour, a fait deux morts et plusieurs blessés. L’enquête antiterroriste se poursuit tandis que le Royaume-Uni renforce la sécurité des lieux de culte.

crumpsall

Le Royaume-Uni a été secoué le 2 octobre 2025 par une attaque meurtrière contre une synagogue de Manchester, survenue lors du Yom Kippour, la journée la plus sacrée du calendrier juif. L’attentat a visé la Congrégation hébraïque de Heaton Park, située dans le quartier résidentiel de Crumpsall, au nord de la ville. Selon les autorités britanniques, deux fidèles ont été tués et plusieurs autres blessés lorsque l’assaillant a foncé sur des piétons avant d’attaquer au couteau.

L’acte a été rapidement qualifié de terroriste et antisémite par le gouvernement britannique. Cet attentat, survenu dans un contexte de tensions communautaires croissantes, ravive le traumatisme des violences antisémites au Royaume-Uni.

Une attaque d’une brutalité inouïe au cœur de Manchester

Les faits se sont déroulés peu après 10 heures du matin. Selon les premiers éléments de l’enquête, un homme a foncé à bord de sa voiture sur un groupe de fidèles qui se rendaient à la synagogue pour la prière de Yom Kippour. Après avoir percuté plusieurs personnes, il est sorti du véhicule, armé d’un couteau, et a poignardé des fidèles avant d’être abattu par la police.

Les secours sont intervenus rapidement, mais deux hommes ont perdu la vie : Adrian Daulby, 53 ans, et Melvin Cravitz, 66 ans. Trois autres personnes ont été hospitalisées dans un état sérieux. L’assaillant est également décédé sur place après avoir été neutralisé par les forces de l’ordre.

Un faux gilet explosif et une panique généralisée

Des témoins sur place ont raconté la scène d’horreur. L’assaillant portait ce qui ressemblait à un gilet explosif, déclenchant une panique immédiate parmi les fidèles et les habitants du quartier. La police a rapidement établi qu’il s’agissait d’un faux dispositif, mais l’effet de terreur a été considérable. Des images circulant sur les réseaux sociaux montrent des personnes fuyant la synagogue, tandis que d’autres tentaient d’aider les blessés.

« Nous avons entendu un grand fracas, puis des cris, et j’ai vu des gens courir dans tous les sens », a témoigné un riverain cité par la BBC. Les forces spéciales ont sécurisé les lieux en quelques minutes, redoutant la présence d’autres explosifs.

Une enquête antiterroriste ouverte et plusieurs arrestations

Le MI5 et la police antiterroriste britannique ont été saisis de l’affaire. L’attaque a été rapidement qualifiée d’acte terroriste à motivation antisémite. Selon la police du Grand Manchester, six personnes ont été arrêtées dans les heures suivant l’attentat, soupçonnées d’avoir un lien avec l’assaillant ou d’avoir contribué à sa radicalisation. Deux d’entre elles ont été relâchées, mais quatre suspects restent en garde à vue, leur détention ayant été prolongée jusqu’à mercredi.

Les autorités explorent la piste d’une radicalisation en ligne, l’auteur ayant consulté récemment des contenus extrémistes. Le Premier ministre Keir Starmer a promis une enquête « complète et sans faiblesse ».

Le profil de l’assaillant : un jeune homme isolé et radicalisé

L’assaillant, dont le nom n’a pas été officiellement révélé par la police, serait un homme d’origine moyen-orientale âgé d’une vingtaine d’années, connu des services de renseignement pour sympathies extrémistes. Son père, Faraj al-Shamie, a publié un communiqué condamnant « un acte odieux » et affirmant que son fils avait « perdu pied dans les mois précédant l’attaque ».

D’après The Guardian, le jeune homme aurait fréquenté des forums religieux radicaux et montré des signes de détresse mentale. Cette combinaison de vulnérabilité psychologique et d’idéologie haineuse relance le débat sur la prévention de la radicalisation au Royaume-Uni.

Une onde de choc dans tout le pays

L’attaque de Manchester a provoqué une vive émotion dans tout le Royaume-Uni. Le Premier ministre Keir Starmer, rentré d’urgence de Copenhague, a condamné « une attaque ignoble contre des citoyens britanniques pacifiques réunis pour prier ». Il a promis une réponse ferme et unie, annonçant un renforcement immédiat de la sécurité autour des synagogues et des écoles juives. À Londres, la police métropolitaine a augmenté sa présence près des lieux de culte juifs.

De nombreuses personnalités politiques, dont l’archevêque de Canterbury et le maire de Londres Sadiq Khan, ont exprimé leur solidarité avec la communauté juive et appelé à la vigilance collective contre l’antisémitisme.

La France et la communauté internationale réagissent

Les réactions internationales n’ont pas tardé. Le gouvernement français a exprimé sa « profonde solidarité avec les familles des victimes et la communauté juive britannique », qualifiant l’attentat d’« acte barbare et injustifiable ». Le président israélien Isaac Herzog a dénoncé un « crime motivé par la haine » et appelé à la coopération internationale contre l’antisémitisme.

Aux États-Unis, le secrétaire d’État Antony Blinken a déclaré que « la liberté de culte doit être protégée partout dans le monde ». Ces messages de soutien traduisent une inquiétude croissante face à la hausse des violences antisémites en Europe depuis plusieurs mois.

Antisémitisme en hausse : un contexte explosif

Selon le Community Security Trust (CST), une organisation de veille communautaire britannique, les actes antisémites ont augmenté de plus de 40 % depuis 2023 au Royaume-Uni. Ces incidents vont d’insultes publiques à des menaces en ligne, en passant par des agressions physiques. Le CST dénonce une « banalisation du discours antisémite » alimentée par certaines figures politiques et des mouvements extrémistes.

Pour de nombreux observateurs, l’attentat de Manchester est le symptôme d’un climat de haine grandissant. « Ce n’est pas un acte isolé, mais le résultat d’années de complaisance envers la haine », a déclaré un responsable du CST dans The Guardian.

Une communauté entre douleur et détermination

À Manchester, les habitants du quartier de Crumpsall se sont réunis dès le lendemain pour une veillée en hommage aux victimes. Des centaines de personnes, juives et non juives, ont allumé des bougies devant la synagogue endommagée. Le rabbin de la congrégation, visiblement ému, a pris la parole : « Ils voulaient nous faire peur, mais nous restons debout. Notre foi est plus forte que leur haine. »

Des collectes de fonds ont été lancées pour soutenir les familles des victimes et financer la reconstruction du lieu de culte. Dans un message poignant, la communauté a promis de transformer la douleur en solidarité.

Vers un renforcement durable de la sécurité des lieux de culte

Face à la menace persistante, le gouvernement britannique envisage un plan de sécurité renforcé pour tous les lieux de culte. Le ministère de l’Intérieur a annoncé une enveloppe supplémentaire de plusieurs millions de livres pour soutenir la protection des sites religieux jugés vulnérables. Des patrouilles mixtes police-armée pourraient être mises en place temporairement dans les grandes villes.

Cette attaque relance le débat sur la prévention, l’éducation et la lutte contre les discours de haine. Pour beaucoup, Manchester restera marquée par ce drame, mais aussi par l’unité qui s’est exprimée face à la barbarie.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Alerte info

Dernières news

L'info politique

Articles les plus lus

Dernières vidéos