Le Festival de Cannes 2025 a débuté avec éclat : hommage à De Niro, engagement du jury de Juliette Binoche, polémiques sur le tapis rouge et diversité des films en compétition marquent cette édition résolument politique.
Le Festival de Cannes 2025 a débuté avec éclat : hommage à De Niro, engagement du jury de Juliette Binoche, polémiques sur le tapis rouge et diversité des films en compétition marquent cette édition résolument politique.

Le 78e Festival de Cannes a été officiellement lancé le 13 mai 2025, sous les projecteurs du Palais des Festivals, et se poursuivra jusqu’au 24 mai. Une édition qui s’annonce aussi éclatante que politique, portée par un souffle artistique renouvelé. La cérémonie d’ouverture, orchestrée par Laurent Lafitte, a donné le ton : une Palme d’or d’honneur remise à Robert De Niro, une performance inédite de Mylène Farmer, et un climat de tension maîtrisée autour de thématiques sociales.
La Palme d’or d’honneur décernée à Robert De Niro a marqué l’un des moments les plus forts de cette soirée inaugurale. L’acteur américain a saisi l’occasion pour livrer un discours critique envers la politique culturelle du président Donald Trump, n’hésitant pas à dénoncer ce qu’il considère comme une tentative de « mise sous tutelle idéologique » des arts aux États-Unis.
Cette prise de parole a été saluée par une partie de l’assistance mais aussi commentée avec réserve par certains observateurs internationaux. L’ombre du politique plane donc sur cette édition.
Autre moment marquant de cette ouverture : Mylène Farmer est montée sur scène pour interpréter une chanson inédite dédiée à David Lynch, dans un hommage visuel et sonore empreint de mystère et d’émotion. La chanteuse, rarement présente dans ce type d’événements, a su captiver le public par une esthétique travaillée, en accord avec l’univers lynchien.
Un geste fort dans un festival qui cherche plus que jamais à marier cinéma et transversalité artistique.
Le jury de cette 78e édition est présidé par Juliette Binoche, figure emblématique du cinéma français. À ses côtés, des personnalités de renom : Halle Berry, Leïla Slimani, Hong Sang-soo, Alba Rohrwacher, Jeremy Strong, Payal Kapadia, Carlos Reygadas et Dieudo Hamadi. Un casting éclectique, reflet d’une volonté de diversité culturelle, mais aussi d’un regard plus engagé sur les œuvres proposées.
Parmi les 21 films en compétition, les frères Dardenne reviennent avec Jeunes Mères, en lice pour une troisième Palme d’or. On retrouve également des noms attendus comme Wes Anderson, Julia Ducournau avec Alpha, Joachim Trier, Ari Aster, et des révélations comme Sirat d’Óliver Laxe ou Romería de Carla Simón. Le cinéma espagnol se taille une place de choix dans cette sélection.
L’une des tendances fortes de cette édition réside dans les sujets sociétaux mis en avant. Le film Alpha, signé Julia Ducournau, aborde la crise du SIDA dans l’Espagne des années 80, tandis que d’autres œuvres traitent de migrations, d’identité de genre ou encore de conflits géopolitiques contemporains. Le festival entend ainsi se positionner comme un miroir du monde, sans tomber dans le didactisme.
Le cinéma indien est lui aussi bien représenté. Homebound de Neeraj Ghaywan, avec Janhvi Kapoor, figure dans la section Un Certain Regard, et une version restaurée du classique Aranyer Din Ratri de Satyajit Ray est projetée. À noter également Tanvi The Great, premier long-métrage réalisé par Anupam Kher, présenté au Marché du Film.
Cette année, le tapis rouge fait l’objet d’un règlement strictement revu : interdiction des robes transparentes et des traînes démesurées, une décision justifiée par des impératifs de sécurité et de fluidité mais qui fait débat. Plusieurs voix s’élèvent pour dénoncer une atteinte à la liberté d’expression artistique.
C’est dans ce contexte que la comédienne indienne Urvashi Rautela a attiré tous les regards avec une robe ornée d’un perroquet en cristal, provoquant des réactions contrastées sur les réseaux sociaux.
Du côté de la Semaine de la Critique, les nouvelles voix du cinéma international sont à l’honneur. On retient notamment L’intérêt d’Adam de Laura Wandel, qui explore les tabous de la parentalité, ou encore Ciudad Sin Sueño de Guillermo Galoe, un thriller urbain tourné à Mexico. Ces films, souvent en marge des circuits commerciaux, bénéficient d’une visibilité rare sur la Croisette, symbole de l’effort constant du festival pour renouveler le paysage cinématographique.
Avec ses stars, ses flashs et ses paillettes, Cannes reste un temple du glamour international. Mais l’édition 2025 démontre aussi une volonté de faire de la Croisette un lieu de dialogue, entre art, politique et société. Entre hommages marquants, sélection audacieuse et polémiques vestimentaires, ce festival s’annonce d’ores et déjà comme l’un des plus riches et complexes de ces dernières années.