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Maréchal de Lattre de Tassigny: l’homme, le héros, la mémoire vivante d’une nation

Le parcours du Maréchal de Lattre de Tassigny et la mission de la Fondation qui porte son nom, entre mémoire, entraide et éducation, dans un souci permanent de transmettre l’héritage républicain.

Maréchal De Lettre de Tassigny

Né en 1889 en Vendée, Jean de Lattre de Tassigny appartient à cette génération d’hommes que les deux guerres mondiales ont modelés. Saint-cyrien à l’aube du XXe siècle, il est plongé dans l’enfer des tranchées dès la Première Guerre mondiale. Blessé à plusieurs reprises, décoré pour bravoure, il incarne très tôt le courage militaire au service de la nation. La Seconde Guerre mondiale fera de lui une légende.

Après avoir combattu l’invasion allemande en 1940, il refuse l’armistice de Vichy, s’évade de prison, rejoint la France libre et prend la tête de la 1ʳᵉ Armée française, dite « Rhin et Danube ». C’est à ce titre qu’il participe aux combats de la libération, du débarquement de Provence jusqu’à la conquête de l’Allemagne.

Faits marquants de sa carrière militaire :

1914-1918 : officier décoré pendant la Première Guerre mondiale (blessé 5 fois)

1940 : général durant la bataille de France, hostile à l’armistice

1943 : rallié à la Résistance et à la France libre après son évasion

1944-1945 : chef de la 1ʳᵉ Armée française, acteur de la Libération

8 mai 1945 : seul Français signataire de la capitulation allemande à Berlin

1950-1951 : commandant des forces françaises en Indochine

1952 : élevé à titre posthume à la dignité de Maréchal de France

Le 8 mai 1945, il est le seul représentant français à signer l’acte de capitulation nazie à Berlin, aux côtés des commandants alliés. Un geste historique qui scelle son rôle central dans la victoire.

Un message de victoire empreint de fidélité et de fraternité

Le 9 mai 1945, au lendemain de la capitulation allemande signée à Berlin, Jean de Lattre de Tassigny s’adresse solennellement à la nation à la radio. Dans ce discours, il rend hommage à tous ceux qui ont permis la victoire : les soldats tombés au combat, les résistants de l’intérieur, les Forces françaises libres, les alliés, et bien sûr, les familles qui ont souffert en silence.

Il évoque avec émotion la grandeur du sacrifice collectif et insiste sur la continuité de l’histoire nationale : « Nous n’avons jamais cessé de croire à la France. » Loin d’un ton triomphaliste, ses mots sont ceux d’un homme habité par le devoir de mémoire et la volonté de reconstruire : « La France n’est grande que lorsqu’elle est unie dans le combat et dans l’espérance. » Ce message, grave et digne, demeure l’une des pierres angulaires de l’héritage moral qu’il lègue à la République.

Discours De Lattre de Tassigny 9 mai 1945

Une figure morale autant que militaire

Mais au-delà du soldat, c’est l’homme d’État que la postérité retient aussi. De Lattre défend une vision exigeante du patriotisme, mêlant rigueur morale, attachement à la République et souci de la transmission. Dans ses discours comme dans ses actes, il insiste sur le rôle de la jeunesse, la mémoire du sacrifice et l’unité nationale. Son engagement ne s’éteint pas avec la guerre : en 1950, alors que la France s’engage dans le conflit indochinois, il accepte le commandement suprême du corps expéditionnaire français.

Il perd son fils unique Bernard au combat, un drame personnel qui n’altère pas sa détermination. Malade, affaibli, il revient en France et décède en janvier 1952. Quelques mois plus tard, il est élevé à la dignité de Maréchal de France à titre posthume. Sa disparition laisse un vide, mais son héritage s’incarne bientôt dans une institution conçue pour faire vivre ses valeurs.

Une fondation pour faire vivre l’esprit de Résistance

Créée en 1954 à l’initiative conjointe de l’État et de Simone de Lattre, son épouse, la Fondation Maréchal de Lattre est officiellement reconnue d’utilité publique par décret du 7 mars 1955. Son objectif initial est clair : préserver et transmettre la mémoire du Maréchal et des combattants de la 1ʳᵉ Armée française, tout en apportant une aide concrète aux familles touchées par les guerres. Elle s’inscrit ainsi dans la double tradition républicaine de mémoire et de solidarité.

Très vite, la fondation développe un maillage territorial avec des comités départementaux répartis sur l’ensemble du territoire, y compris en Outre-Mer. Chaque comité, dirigé par un président nommé par arrêté préfectoral, organise ses activités localement, dans le respect des objectifs du bureau national. Le préfet du département en est traditionnellement le président d’honneur, soulignant le lien étroit entre la fondation et les institutions de la République.

Mémoire, entraide et citoyenneté : un triptyque fondateur

La Fondation Maréchal de Lattre s’articule autour de trois missions principales : la préservation de la mémoire, le soutien moral et matériel aux familles de militaires et l’éducation à la citoyenneté. En matière mémorielle, elle organise ou participe à des commémorations, comme celles du 8 mai ou du 11 novembre, des expositions itinérantes, des conférences, et des publications historiques.

Sur le plan de l’entraide, elle a longtemps envoyé des colis aux orphelins de guerre, notamment aux enfants de soldats morts en Indochine et en Algérie. Un centre d’accueil a même été créé en 1963 à Bourneau-en-Vendée, dans le château familial du Maréchal, pour héberger les parents de soldats tués, les Harkis ou les réfugiés indochinois, avec des cours d’alphabétisation et de reconversion.

Enfin, la fondation mène des actions pédagogiques dans les écoles, organise des concours d’histoire, et multiplie les partenariats pour sensibiliser les jeunes aux valeurs civiques, à la défense nationale et à la paix.

Une présence discrète mais tenace sur tout le territoire

Dans de nombreux départements, les comités locaux de la Fondation Maréchal de Lattre sont actifs, parfois méconnus, mais toujours mobilisés. Dans les Bouches-du-Rhône, par exemple, le comité organise chaque année une grande cérémonie au Fort Saint-Nicolas de Marseille, en lien avec les autorités militaires, les anciens combattants et les écoles.

Des interventions sont régulièrement proposées dans les établissements scolaires, souvent autour de la mémoire de la Résistance et des valeurs de la République.

Maréchal de Lattre de Tassigny

Ce travail de proximité permet de faire vivre une mémoire incarnée, sensible, et de la transmettre aux nouvelles générations. La Fondation n’agit pas seule : elle collabore avec d’autres institutions, comme l’Office national des anciens combattants (ONACVG), les collectivités locales, ou encore les associations d’éducation populaire. C’est ce tissu d’acteurs qui donne à la fondation une dimension concrète, loin des discours figés.

Une mémoire en mouvement dans un monde en mutation

Plus de 70 ans après la mort du Maréchal, sa figure reste un repère dans une époque où les repères se brouillent. La Fondation Maréchal de Lattre ne se contente pas de célébrer un passé glorieux, elle s’inscrit dans une démarche active de transmission, en adaptant ses outils et ses discours aux enjeux contemporains. À l’heure des mémoires multiples et parfois conflictuelles, elle propose une mémoire partagée, fondée sur l’universalité du sacrifice et la fidélité à des principes démocratiques.

Elle rappelle aussi, dans un monde troublé, que la paix, la citoyenneté et la solidarité ne sont jamais acquises. À travers les visages de bénévoles, de professeurs, de jeunes lauréats ou d’anciens soldats, c’est un pan entier de l’identité républicaine qui continue de vivre. En cela, le Maréchal de Lattre n’est pas seulement un héros du passé : il est une boussole pour l’avenir.

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